Ce sera amusant ! T’avaient-ils dit, le sourire leur barrant le visage. Et la fêtarde que tu étais, n’as pas voulu dire non. Tu ne pouvais pas dire non à un brin d’amusement en ce jour si spécial. En ce jour de pur délice de souffrance sentimentale. Ah non, tu ne pourras jamais oublier cette date. Elle correspondait à la rupture abrupte de ton bonheur. Elle était le jour de ta naissance et le jour de ta perte aussi. Celle qui a ouvert les portails de ta déchéance après avoir trouvé un semblant de vie. Un semblant de bien être. Elle avait pris la forme de la Faucheuse pour te voler la plus belle chose qui a pu t’arriver. Non tu ne pourras oublier ce 30 mai où tous tes nouveaux amis se pressent à te souhaiter joyeux anniversaire alors que t’as juste envie de mourir, d’anéantir les souffles qui persistent à sortir de ta gorge nouée de sanglots muets. Tu as insisté à ce qu’ils ne t’organisent pas de fête. Tu ne voulais pas leur témoigner d’animosité. Tu voulais juste boire, boire, boire et peut-être oublier. Y arriveras-tu un jour ? Tu l’ignore, mais tu le voulais. Tu voulais oublier le visage sans vie de ton mari et te rappeler juste de son sourire qui réchauffe toujours et encore ton organe de vie. Silencieuse, tu entre dans le grand bar, suivant comme une automate tes amis. Ils ne sont pas dupes, ils savent que tu n’es pas au top de ta forme et malgré leur fusillades continuelles de questions, tu refuse de leur donner des explications. Après tout, tu n’aime pas te morfondre et récolter la sympathie des autres. Tu déteste qu’on ait pitié de toi alors tu placarde un sourire forcé sur ton visage et tu prends place sur une chaise. Pas de gâteau, pas de cadeaux. C’était ta seule condition. Ils ne comprennent pas ce choix mais au moins ils le respectent. La musique retentit et elle construit une sorte de baume sur ton coeur meurtri. Tu fronce les sourcils en plantant tes yeux sur la carte de menu. Quelque chose de fort, oh oui il te faut un breuvage assez fort qui te détendra et écartera tes lèvres dans un vrai sourire sincère et non un semblant de grimace que tu viens de faire au serveur après avoir commandé un verre de vodka. Suivi d’un autre et encore un autre. Des consommations qui te conduisent directement sur la piste de danse. Tu saute, tu ris, tu bouge ton corps comme affamée de bonheur. Un bonheur éphémère qui s’estompe brutalement. Tu as envie d’une cigarette alors tu t’arrête sous les regards surpris de tes copines et tu quitte le bar. A l’extérieur, l’air frais te caresse le visage. Cigarette au bec, tu peine à l’allumer. Tes mains tremblent, bientôt tes lèvres se retrouvent dans le même état. Te voilà assisse contre le mur, tes jambes nues collées à ton buste et la tète enfouie entre tes genoux entrain de faire ce que tu n’as pas voulu faire ; céder à la tristesse, céder à tes larmes qui, précédemment, t’avaient chatouillé la gorge au point d’exploser en solitaire.