Soirée chez les Stonem, qu’entre Stonem ou la soirée qui finit jamais bien. D’un commun accord avec les gars de ta confrérie lors d’une conversation tout à fait banal dans la cuisine, entre un café, une bière et une tartine sûrement trop grillé pour être mangé (mais qui le sera quand même), vous aviez eu l’idée de cette soirée.

Fin des cours, tu te laisses littéralement traîner jusqu’à la chambre d’Ace… Qui n’était pas là ! Vas-y le bâtard. Tu jettes un coup d’oeil rapide à ta montre. Ok t’avais encore du temps devant toi. Tu finis par rejoindre ta chambre, tu laisses ton sac dans un coin, tu réponds à quelques messages et tu te décides à aller à la supérette pas loin de la faculté pour acheter un… Voir deux packs de bière. Tu ne cherches pas de marque particulièrement, juste pas la moins chère, à moins de vouloir te recevoir des insultes tout le long de la soirée. C’est qu’à force, vous étiez tous devenu difficile. Un pack sous le bras droit et l’autre dans ta main gauche, tu retournes à la confrérie. T’espérais que ses abrutis étaient là, sinon tu commencerais tout seul sans problème. A l’aide de ton pied, tu pousses la porte imposante de l’entrée et t’entends déjà la voix des gars dans le salon. Vautré comme à leur habitude dans les canapés. Déposant les deux pack sur la table basse, tu finis par relever la tête un sourire aux lèvres. « Bon je crois qu’on a ce qu’il faut pour ce soir les gars. » T’ouvres le premier carton, balançant des bières à droite à gauche pour ceux qui voulaient et tu finis par t’avachir dans le sofa le plus proche de toi. D’un geste habile t’ouvres ta bouteille à l’aide de ton briquet et en bois une gorgée tout de suite après. Ta main plonge dans ta poche pour en sortir ton téléphone, un rapide coup d’oeil t’avais confirmé sur le fait que Ace n’était toujours pas là. Tu t’empresses de lui envoyer un message. Ace-T, je sais pas ce que tu fous, mais ramènes ton cul mon lapin. Ok il allait sûrement t’insulter pour tous ses surnoms débiles, mais toi tu pouvais pas t’en empêcher. « En espérant que cette soirée se termine bien, ma mère va me renier sinon. » lances-tu aux gars en rigolant. Tu te souviens encore de la dernière fois que tu as fini dans son bureau pour une soirée des Stonem avec tu ne sais plus quelle autre confrérie. Elle t’avait engueulé pendant une heure non-stop, toi à vrai dire tu ne comprenais pas pourquoi tu prenais pour tout le monde alors que t’étais juste un membre lambda. Ni le président, ni le vice-président et en aucun cas le parrain, alors t’avais pas compris son acharnement. Enfin, tu te souviens surtout qu’elle n’avait pas apprécié que tu t’endormes alors qu’elle te parlait de « choses sérieuses » comme elle n’avait cessé de te le répéter.

Toujours là pour créer les soirées qu'il fallait, tu étais là aussi aujourd'hui quand chez les Stonem, vous aviez parler de faire quelque chose ce soir. Ça te ferait du bien, comme toujours. Sans toi la fête n'avait plus aucun goût - du moins c'est ce que ton pauvre ego de fêtard pensait, en vérité ils pouvaient très bien faire sans toi, mais chut, c'était un secret. En sept ans, tu en avais fait des conneries à Hawk, et il n'y aurait jamais de fin à tes blagues - parfois moins appréciées que d'habitude. Tu t'étais levé le premier en disant que tu serais là et t'avais filé dans les couloirs de l'université pour finir ta journée de cours : la comédie était toujours à la fin et c'est ce que tu préférais, ça te permettait de te défouler, souvent un peut trop. On commençait même à se demander si tu n'étais pas hyperactif. Tes parents ne l'avaient jamais remarqués, de là où ils étaient ça ne changerait rien du tout. Alix était comme toi, alors ça te rassurait.

A la fin de l'après-midi, tu passes rapidement à la maison pour prévenir en même temps ta cousine de ta sortie. Elle était en train de se pomponner dans la salle de bain, prête à faire la fête elle aussi, mais ailleurs. Elle n'était pas invitée chez les Stonem et elle n'en avait rien à faire, elle se débrouillait très bien toute seule, comme une grande. « A demain, princesse Abel. » Que tu lances en claquant la porte derrière toi. T'avais emporté sous tes bras quelques cochonneries, des paquets de chips et dieu sait quoi d'autre. Tout le monde ramenait un peu de tout, enfin... Il y avait toujours des gars qui venaient les mains vides et ça roulait normalement.

Un rapide coup d’œil à ton téléphone portable te montre que tu es à l'heure, mais c'est bizarre, tu préfères toujours arriver après les autres, pour faire une énième entrée remarquable. Quoique, tu savais qu'avec ces gars-là, ça ne marcherait pas. Tu réfléchissais pour savoir si tu ne devrais pas flâner quelque part pour arriver plus tard. A quoi bon. Tes pas s'arrêtent devant la porte d'où sort déjà du bruit : des voix fortes et gueulardes. Ils étaient pratiquement tous là. En entrant dans la pièce, tu te jettes sur le canapé à côté de Sora, te fichant si tu gênais ou pas. « J'ai rien raté, j'espère ? » A l'intention de tous et tu connaissais déjà la réponse. Pris d'une grande faim tout d'un coup, tu ouvres sans délicatesse le paquet de chips qui se déverse un peu partout, sur ton voisin, sur toi, sur le sol. « Et allez ! » Oups. Une soirée de plus. 

Les soirées des Stonem étaient connues dans tout le campus et pour cause, enfermez des hommes, leurs hormones et leur connerie dans une seule et même confrérie et voyez le résultat ! Il fallait bien les occuper, ces garçons en mal d’adrénaline, ces grands gamins enfermés dans des corps d’adultes. Tu te demandais parfois pourquoi tu t’entêtais à t’y rendre alors que tu savais très bien que la soirée te serait éprouvante, peut-être parce que tu appréciais les membres de la confrérie, chacun individuellement ou alors peut-être pour faire bonne figure ? Pour avoir l’air à ta place alors que tout le monde savait que de place, tu n’en avais réellement nul part. Tu ne le prenais pas mal, ça avait toujours été ainsi et d’une certaine manière, tu t’en émergeais toi-même en restant dans ton coin, à les observer faire des conneries. Tu devinais que la musique serait plus forte que de raison, que les paroles échangées n’avait rien de pertinentes et que rien ne se jouerait ce soir, sauf peut-être votre dignité et votre réputation, rien d’important en gros.
Et pourtant, t’étais malgré tout présent, installé dans ton fauteuil comme le parrain de la mafia, une bouteille de bière posée sur ton genou tandis que tu les observais de ton regard perçant, passant de l’un à l’autre sans jamais vraiment t’attarder, notant mentalement tout ce qui te paraissait utile, attentif à tout ce qui pouvait se passer autour de toi. T’étais peut-être sourd mais pas question de passer en plus pour un retardé.