Tu t’étais réveillé en retard. Putain de réveil qui sonnait pas ou peut-être que tu ne l’entendais pas aussi, ouais, c’était peut être une hypothèse à prendre compte. Alors t’avais dû te presser, courir même, pour ne pas te retrouver en face d’un amphi fermé. Ca t’était arrivé la semaine dernière et la semaine d’avant et en fait, pratiquement toutes les semaines. La ponctualité, c’était pas trop ton truc, t’façon, tu l’avais toujours dit. Arrivé à l’heure, ça relevait presque d’un miracle pour toi et arriver en avance, c’était quasiment impossible. Non, toi, t’aimais être le type qui se pointe comme une fleur, le sourire béat aux lèvres, comptant sur ton charme incontestable pour t’faire pardonner. Des fois, ça marchait. Des fois, ça marchait pas mais en général, on te laissait entrer, l’air de rien. On te faisait quelques remarques et toi tu acquiesçais même si tu t’en foutais royalement, même si t’avais rien écouté de ce qu’il t’avait dit. Tu te contentais de t’asseoir en cours, l’air de rien. Sans gêne le type. Alors aujourd’hui, parce que tu t’étais dit que si tu continuais, les profs allaient prendre ça pour de la provocation, tu tenterais au moins d’arriver à l’heure. Pour prouver que t’es pas le branleur qu’ils pensent que tu étais. C’était pas ton genre de faire tes preuves mais là, c’était important. Faudrait pas qu’on vienne à te virer des cours, t’entendais déjà ton père te crier dans les oreilles. T’étais arrivé à l’heure, tu applaudissais l’exploit dans un coin de ta tête et t’avais même réussi à prendre tout le cours sans t’endormir, que d’exploit, t’étais fier de toi. Alors, dans la continuée de ta journée studieuse, tu t’étais dit que t’irais à la bibliothèque emprunter le fameux livre dont votre prof vous parlait. Peut-être que si tu commençais à jouer les élèves modèles, il te portera plus dans son cœur. Tu avais déjeuné, enfin enfiler le premier truc que t’avais sous la main dans ta maison et t’avais erré dans la bibliothèque. Tu soupiras, trouvant rien. C’était dans ces moments là que tu te disais que t’étais vraiment un glandu, incapable de trouver un bouquin dans un truc vachement bien organisé pourtant. Finalement, tu trouvas le livre, sous le regard interrogateur de la bibliothécaire que tu préférais ignorer et tu cherchas une table. Y avait tous les élèves qui squattaient par groupe des tables entières, c’était presque impossible de se trouver une place. Puis tu vis une table libre, presque, y avait qu’une nana. Tu t’avançais, tu pressais presque le pas pour pas qu’on squatte ta place et quand tu t’assis, tu remarquas Izia. Tu lui esquissais un sourire t’attendant à tout signe d’exaspération. Elle t’aimait pas trop, tu crois. Enfin, c’était surement de ta faute. « Je m’assois là, j’espère que ça te dérange pas.»  Tu commençais toujours en douceur. « De toute façon, t’as pas le choix. » Et tu t’assis, en face d’elle, ce petit air malicieux. « Alors tu bosses sur quoi ? Un truc du genre comment les femmes peuvent sortir de la domination des mecs, non, comme d'hab ?» Ca te faisait marrer alors tu eus un petit rire étouffé, évitant de t’attirer des problèmes. Le pire, c’est que t’étais pas quelqu’un de macho mais Izia, elle prenait tout à la lettre et finissait par s’énerver. C’était marrant et assez distrayant. Un gamin ce Edwards.