Tes opales caressent le sol qui est recouvert par ton sang tandis que tu entends des cris, des chuchotements. Tout devient flou et autour de toi se crée un brouhaha inaudible. Tu es sur les genoux, en train de perdre conscience suite au coup de poing que vient de te donner une grosse brute de ton collège. Celui-ci se frotte la main en se mettant à ricaner. Pourquoi en est-il venu aux mains ? Car tu es différent, tu oses dire ce que tout le monde pense sans avoir peur de quoique ce soit, et c’est sans doute là le problème. Tu détestes l’injustice, surtout envers ta petite sœur Tessa. Car oui, ta famille, c’est tout pour toi. Ils représentent ta vie, et tu sais que ce sera le cas jusqu’à ta mort. Alors, quand ce sale gosse a daigné manquer de respect à ta petite sœur, tu n’as pas réfléchis et tu t’es empressé de le réprimer par des mots sanglants de vérité. Tu n’uses pas de la violence contrairement à lui. Tu sais manier les mots avec aisance car les idées s’organisent vite dans ta tête, et surtout, tu sais que frapper ne résout rien et n’est pas la solution mais au contraire le déclencheur de pire. La violence entraîne toujours la violence. Et te faire remarquer pour de telles frasques n’est pas dans tes habitudes, mais plutôt dans celles de ton frère, Thomas. Toi, tu es plus discret, tu essayes de passer inaperçu. Sauf que, manque de chance, l’esclandre crée attise tous les regards ; et cela a le don de t’embarrasser. Ta main sur ton nez abîmé, tu pousses un gémissement de douleur. L’adolescent face à toi continue de te provoquer, mais tu n’écoutes plus et te frayes un chemin dans la foule qui s’est amassée. Alors que tu parviens à en sortir, tu lèves la tête et te retrouves nez à nez avec le proviseur du collège. « Dans mon bureau. Vous deux. ». Sa voix froide résonne et met fin au bordel, les collégiens reprennent leurs occupations alors que tu pénètres dans le bureau du proviseur en compagnie de ton agresseur. Tu t’assois et lèves tes prunelles vers le visage fermé du vieil homme. Mécontent de voir un tel spectacle, il te punit, malgré le fait que tu sois la victime, tu as donc deux heures de colle. La première punition que tu reçois, et elle a pour ainsi dire un goût amer dans ta bouche. Tu pestes et quittes le bureau de ce dernier. Depuis ce fameux jour, tu t’es promis de ne plus jamais dire ce que tu penses de la sorte. Tu t’enfermes sur toi-même et te coupes du monde, même de ta famille.