FRÈRES DE COEUR, FRÈRES DE SANG.

LES DEUX LOUPS

Y’avait de ces nuits avec et de ces nuits sans. Apparement, cette nuit serait sans, mais tu ferais avec. Tu commençais à prendre l’habitude de ces moments de solitude au creux de tes draps, où soudainement la nuit te paraissait bien longue et tes pensées bien trop sombres. T’avais pourtant qu’à tendre un peu l’oreille pour écouter le bruit de l’eau à l’extérieur, ou ceux des pas des insomniaques, comme toi. Mais toi t’aimais pas tellement perdre ton temps, encore moins la nuit. Parce que déjà que tu dormais pas beaucoup, t’étais presque capable de t’énerver contre toi même, de t’en vouloir de te faire perdre de précieuses heures de sommeil. Seulement ce soir, c’était un peu différent. Tu n’avais pas sommeil car tu avais d’autres envies. La nuit était douce, les rues encore bondées. Toute cette ambiance t’inspirait et tes jambes te démangeaient. T’avais bien essayé de te remettre un peu à la guitare, de réviser pour ton examen de la semaine prochaine - mais lorsque ça ne venait pas, ça ne venait pas. Tes doigts restaient immobiles contre la corde tranchante. Tu t’étais installé sur la terrasse, pour admirer la baie. Et quelle vue. Elle t’apportait sans doute la même admiration que t’avais pu avoir gosse pour cette immense maison Hawk, en face de la tienne, dans laquelle n’importe quel rêve d’enfant semblait pouvoir devenir réalité. Cette fois tu y étais, dans cette maison, dans ce palace trop réel. Cette vue imprenable, elle s’offrait à tes yeux. L’argent donnait-il autant de pouvoir ? Apparement oui, tu n’aurais jamais cru qu’une poignée de billets puisse changer ta vie à ce point. Qu’une rencontre puisse la bouleverser, la dévier dans une autre direction. Evidement tu pensais à Lou. Qu’est-ce que tu serais devenu si tu ne l’avais pas rencontré ? S’il ne t’avait pas fait venir jusqu’en Australie ? Ta mère avait peut-être raison sur ce point, t’aurais peut-être fini en taule, mais sans jamais avoir connu la gloire et les années de profit de ton père. La Grèce ne te manquait même plus après tout ça. Tu créais tes propres origines, ta propre histoire, tu avais tous les pouvoirs maintenant. Tu pris une inspiration en reposant ta guitare sur le coté, quittant ta terrasse pour te rhabiller à la quatrième vitesse, enfilant un jean et une veste, resserrant tes baskets à la Marty McFly - on est fan ou on ne l’est pas. Et en une seconde t’avais quitté ton appartement pour rejoindre celui d’à coté. Tu ne toquas même pas en voyant la lumière éteinte. Sans doute que t’aurais pu le surprendre avec quelqu’un, mais ça n’aurait pas été la première fois, et t’aurais fait demi tour. Mais t’étais pas du genre à toquer avec lui - trop formel peut-être, et lui ne se gênait pas pour s’en passer aussi. Tu pénétras dans la chambre plongée dans le noir, en allumant brusquement la lumière, te plantant devant le lit. « Eh, mon loup. » Tu fis avec un petit sourire taquin, attrapant un coussin pour lui envoyer dessus. « Hey, j’ai pas sommeil. J’ai envie de sortir. » Et comme il grognait, encore à demi endormi, tu roulas les yeux en grimpant sur le lit, lui sautant dessus. « EH PRINCESSE TU VEUX UN BAISER D’AMOUR OU QUOI. » Tu éclatas de rire évidement, avant de t’assoir à coté de lui. « Allez viens on sort, vieux mec. » Et tu lui lançais ce regard de gangster prêt à conquérir le monde, que vous vous étiez inventé tous les deux.

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LES DEUX LOUPS

La nuit avait été courte, trop courte. Le sommeil t'enveloppait dans ses bras moelleux, collant ton corps comme une deuxième peau nécessaire. Tu manquais cruellement de ce genre d'instant léthargique ou ton esprit n'était plus qu'un flottement éphémère. Cela faisait une heure à peine que tes paupières s'étaient closes sur un plafond désespérément monotone. Le début d'une trêve entre conscient et subconscient qu'une personne venait meurtrir en pénétrant dans ta chambre. Un imperceptible mouvement, c'est la seule chose que tu accordais à ton visiteur sachant pertinemment de qui il était question. Loukas, forcément. L'un comme l'autre vous aviez pris cette manie d'entrer dans vos appartements sans prendre le soin de frapper auparavant. Sa maison était la tienne et inversement et c'était un traité implicite qui vous convenait. Lou était plus qu'un simple ami à tes yeux pour la simple et bonne raison que ta propre famille l'avait pris sous son aile. C'était pas un Cohen, c'était un Hawk, à part entière et rares étaient les personnes qui ne le savaient pas dans cette université. Il ne lorgnait pas sur lui comme individu s'octroyant le privilège d'être intime avec cette famille mais bel et bien comme un membre de celle ci. Un fait dont tu t'étais largement assuré en entrant ici. Ses opportunités ne s'arrêtaient pas là puisque c'était bien le seul à pouvoir entrer dans ta chambre en toute impunité sans redouter de vicieuses séquelles. Loukas, ton loup. Un surnom qui vous collait à la peau depuis votre plus tendre enfance. La naïveté enfantine des petits louveteaux s'était transformée en quelque chose de bien plus féroce et mordant au fil des années. Sa voix résonnait une première fois et tu grognais lui signifiant que ce n'était clairement pas le bon moment pour t'arracher à tes douces chimères. Malheureusement il avait aussi hérité du côté têtu propre aux Hawk et ses paroles redoublaient de plus belle afin de te sortir de ta torpeur. Un grommellement sortait de ta bouche ou moment exact ou il se mettait à hurler en te sautant littéralement dessus. Tes muscles se contractaient immédiatement dans le plus pur des réflexes alors que tu tentais de le repousser pour qu'il dégage de ton lit. Tu tentais de rabattre la couette sur ta tête et de le pousser hors de ton espace privé mais ton corps à demi éveillé avait du mal à faire face à ses assauts. Bouge Lou Il finissait par s'assoir à côté de toi et force est de reconnaître qu'il venait d'assassiner ton quart de sommeil tu t'asseyais à côté de lui. Ta main filtrait dans tes cheveux ébouriffés alors qu'il dardait un regard vers toi. Laisse moi vingt minutes Voilà c'était exactement comme ça entre vous. Jamais l'un avait refusé quoi que ce soit à l'autre. Nous savions exactement les limites à ne pas dépasser à celles qu'on pouvait aisément franchir. Le fait de se faire réveiller en pleine nuit ? Ce n'était pas une première ni pour toi ni pour lui et vous saviez que dans les cas là c'était une sortie nécessaire et non réfutable. Loukas acquiesçait d'un signe de tête comprenant que tu avais besoin de te remettre les idées au clair à l'aide d'une douche brûlante. Vingt minutes plus tard tu étais apprêté, prêt à le rejoindre en soirée comme un homme que la nuit n'avait pas altéré. Prêt ? Tu glissais un regard vers Loukas pour t'assurer toutefois qu'il allait bien. Ses insomnies n'étaient pas rares mais parfois elles gâchaient plus qu'un manque de sommeil. Là, visiblement, ce n'était pas le cas. Il désirait flirter tel un somnambule réclamant sa dose. Et tu comptes m'amener ou ? Certainement dans un endroit que vous ne risquiez pas d'oublier ni lui ni toi. Tu te connaissais lorsque vous étiez ensemble, vous étiez difficilement contrôlable et parfois ça frôlait l'incident diplomatique.


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La Lune était déjà haute dans le ciel maintenant, tes deux pupilles croisèrent d’un regard l’astre surélevé qui mettait tout à coup en évidence toute l’importance de tes insomnies récurrentes. Tu ne savais trop si tu devais te mettre à t’inquiéter plus sérieusement. Tu avais toujours eu du mal à dormir, du plus loin que tu te souviennes, tu n’étais jamais parvenu à t’endormir brusquement même après une longue journée d’effort. Effet de stress ou simple incapacité à trouver le sommeil dans les moments où il le fallait, tu n’en savais rien, car rater ton arrêt en plein milieu du métro, ça tu en étais tout à fait capable. Un peu instable sans doute, t’avais sans doute jamais et tu ne seras jamais le riche fils à papa capable de dormir tranquillement sur ses deux oreilles, sans grand mal. T’étais un torturé, par ton passé et ton futur à la fois, sans cesse au bord du vide. C’était probablement ce qui avait fait naître chez toi cette agressivité presque maladive, cette envie de mordre, qui t’apportait à la fois crainte et exaspération de la part du monde qui t’entourait. Les mecs comme toi en général, ça ne donnait pas trop envie, même si t’arrivais toujours à attirer les plus assoiffées de fric - chose que t’avais eu du mal à gérer au début. Mais les femmes plus sincères, plus vraies, ou même les grandes sauvages, comme toi, elles, t’en restaient loin. Mais il y avait de ces personnes un peu plus extraordinaires, si rares et si nombreuses avec lesquelles tu ne te posais pas ce genre de question, avec lesquelles cette idée ne te venait pas l’esprit. Et la première d’entre elle était bien évidement Lou. Pas de crainte à avoir avec ce frère, t’avais grandit avec lui, il savait tout de toi comme tu savais tout de lui. Vous n’aviez plus vraiment honte de rien, plus vraiment peur. Vous aviez appris à vous connaître par coeur, à connaître la moindre de vos limites et à vous faire comprendre d’un seul regard. Certains t’enviaient ce genre de relation, surtout avec Lou qui était plutôt populaire au sein de l’université - et en même temps, lorsque l’on s’appelle Hawk, difficile de ne pas l’être. Mais t’avais même pas le moindre contrôle là dessus, c’était juste comme ça et depuis toujours. T’étais loin de t’en plaindre, mais c’était pas comme si t’avais cherché la moindre des faveurs de Lou. Ca avait juste marché entre vous, comme ça, comme une explosion, des âmes soeurs fraternelles. C’était le frère qu’il t’avait manqué, et comme ta vie aurait pu être différente s’il l’avait vraiment été. Mais maintenant, c’était tout comme.

Ainsi donc, lorsqu’il te supplias vingt minutes d’une voix à mi chemin entre le grognement, tu hochas la tête avec un petit sourire. Il aurait tout le temps qu’il voudrait, tant qu’il levait ses grosses fesses pour te rejoindre. Tu fis d’abord de même avec les tiennes en quittant le lit - qui avait sérieusement la taille d’un bateau miniature, sérieusement, huit filles pouvaient dormir là dedans - et tu filas t’assoir sur le coin du bureau en t’allumant une cigarette. T’explosais d’énergie, c’était sans doute le pire, car lorsque viendrait l’aube tu serais le pire zombie de tous les temps. Si tu pouvais au moins profiter un peu de la nuit plutôt que d’attendre le jour dans une chambre trop vide, c’était à prendre. Tu le regardas filer sous la douche en tirant sur ta cigarette, souriant légèrement en apercevant le panier du chien que vous aviez prévu d’adopter dans peu de temps. Fallait toujours que vous ayez des projets tous les deux, quelque chose de prévu, vous étiez de grands ambitieux et pas des Rhodes pour rien. Après le chien, vous passerez peut-être au dauphin. Tu jetas un oeil aux cours posés sur son bureau, feuilletant d’un air désintéressé ses notes de droit, relevant la tête en l’entendant sortir. « T’écris toujours aussi mal. » Tu fis avec ton petit air taquin habituel en croisant les jambes. « Mais bon je te pardonne. » Tu fis en riant légèrement, comme si ça avait la moindre importance avant de te lever pour le rejoindre, les mains dans les poches. « Prêt. » Tu confirmas, soufflant un peu ta fumée. « Tu vas voir. On marche un peu, histoire de se dégourdir les jambes ? J’vais devenir claustro’ à force de rester enfermé ici. » Tu fis en allant vers la porte sans attendre sa réponse, la connaissant bien évidement. Vous vous retrouviez alors dans la rue, et tu continuais de fumer tout en marchant à ses cotés - on ne pouvait pas changer les bonnes habitudes. Tu inspiras, profitant du silence de la nuit et de cette balade nocturne pour finalement demander : « T’avais l’air bizarre aujourd’hui par messages. Tu t’es disputé avec Noor ? » Parce que tu reconnaissais trop bien cette espèce de moue qu’il avait commencé à faire lorsque t’avais débuté ta question. Tu lisais en lui comme dans un livre et c’était réciproque. Tu poussas un petit sourire en écrasant ta clope contre un mur, t’étirant un peu en venant entourer ses épaules de ton bras pour lui ébouriffer les cheveux. « Finalement mon insomnie tombe bien, t'as besoin qu'on te change les idées, le loup. » Tu fis avec le sourire sincère d'un frère.

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 Les gouttelettes brûlantes mordaient ta peau t'extirpant de cet état léthargique dans lequel tu te trouvais. Tu y restais de longues minutes profitant de ce moment de grâce sachant que Loukas allait te traîner dans la fraîcheur extérieure. Une fois prêt tu sortais de la salle de bain et tes opales tombaient sur ton meilleur ami assis sur ton lit un sourire malicieux au bout des lèvres. Il était le seul ayant le droit de te réveiller à n'importe quelle heure du jour et de la nuit sans craindre de vicieuses représailles de ta part. Loukas. Ce n'était pas seulement un ami de longue date ou celui avec lequel tu te sentais le plus connecté. C'était un frère, une part entière de ton être et ce depuis le premier jour où vos chemins s'étaient croisés. Il y avait cet équilibre entre vous deux permettant de stabiliser vos états émotionnels lorsque l'occasion était de mise. Loukas te connaissait mieux que personne tout comme il n'avait plus aucun secret pour toi. Ses failles tout comme les morsures de son passé étaient des réalités que tu protégeais au prix de tes propres faiblesses. Loukas c'était celui que tu faisais passer avant tout le reste. Certains parleraient d'une incroyable loyauté entre vous mais c'était bien plus facile que ça : L'instinct. Tout les deux vous étiez comme des bêtes sauvages, des loups indomptables. Il était le seul capable de t'empêcher de réduire à néant une personne tandis que tu étais l'unique personne apte à le stopper lors de ses nombreux emportements. Le yin et le yang dans son état le plus pur, le plus effervescent. Deux bombes à retardement, deux aimants destiner à s'harmoniser, se neutraliser et s'élever l'un et l'autre. Ce n'était pas quelque chose que vous manipuliez à votre gré, c'était un fait, une évidence tout simplement. Tu ne croyais pas aux coup de foudre ni même aux âmes soeurs mais tu étais certain d'une seule chose : Vous étiez faits pour être ce que vous étiez aujourd'hui, deux frères.

Au moins tu es capable de distinguer une écriture, on ne peut pas en dire autant te concernant Un sourire insolent barrait tes lèvres alors que tu tournais ta tête dans sa direction. Une lueur malicieuse brillait au fond de ses opales alors qu'il se levait d'un bond pour te rejoindre. Cette façon de vous charrier faisait parti du jeu malgré que chacun connaissait les limites à ne pas franchir. Cela faisait presque vingt ans que tu le connaissais et pourtant votre amitié n'avait connu ni altération ni coup fatal. Si l'alchimie entre vous dépassait presque l'entendement il n'en restait pas moins qu'envers les autres vous étiez capables de l'inentendable. Deux êtres impitoyables prêts à broyer le moindre obstacle sur leur chemin. Loukas te proposait de sortir et tu acquiesçais d'un signe de tête. Quelques minutes après le vent australien fouettait ton visage à la seconde même où tu ouvrais la porte du hall. Tu t'engouffrais dans l'obscurité, Loukas à tes côtés. Sa question sur Noor ne t'étonnait pas outre mesure sachant qu'il était toujours aux premières loges de vos disputes. Tu te mordillais la lèvre inférieure réfléchissant à la situation actuelle entre la brune et toi. Le moins que l'on puisse dire c'est que votre entente était aussi complexe que torturée. Vous passiez votre temps à vous tester au prix parfois de votre intégrité. Tous les coups bas étaient permis et pourtant, au delà de la transparence de votre animosité tu étais le premier à surveiller ses arrières. Est ce que c'était une sale habitude ? Un vieux réflexe après cet amour mort né ? Ou alors un instinct, le même que tu pouvais ressentir envers Loukas bien que la nature de votre relation était loin d'être aussi limpide qu'une amitié. C'est Noor ... Cette réponse se suffisait à elle même. Loukas connaissait votre relation que ce soit celle passée ou présente. Il était là lors de chaque étape de ce lien qui vous unissait et il avait été là lorsque tu avais décidé de la quitter pour arrêter les frais. Il te connaissait assez bien pour savoir que tu attendais ni avis, ni conseil ou même soutien. Tu étais comme ça, chaque chose capable de t'atteindre tu la repoussais avant même qu'elle ne puisse t'écorcher. Noor, c'était un peu comme ça ou tout du moins ça l'avait été. Votre séparation était ce qu'elle était mais il n'empêchait pas qu'elle comptait énormément pour toi. Parfois même un peu trop puisque vos hostilités commençaient sérieusement à prendre le pas sur vos vies privées. Loukas hochait la tête à ta réponse te signifiant qu'il comprenait exactement ce que tu voulais dire. Ce qu'il te sortait à propos de te changer les idées t'arrachait un sourire. Et toi ? Une raison à ton insomnie ? Parfois il n'y avait pas d'excuse ni d'argument quant à votre sommeil qui ne venait pas et parfois ... il y avait bel et bien un fantôme derrière tout ça. Une ombre qui vous collait à la peau, aux paupières et ne vous lâchait pas. Peut être que sa pseudo relation avec Reese commençait à lui peser, c'était probable mais tu n'y croyais pas vraiment. Le seul visage capable de le tenir éveillé n'était pas celui d'une femme, aussi belle soit-elle mais celui de son père, véritable fantôme de son existence.
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