Tu pénétrais dans la maison Stonem discrètement, officiellement les femmes n'étaient pas admises dans l'enceinte de la maison, mais cette règle était loin d'être respectée chez les Stonem, mâles plutôt habitués à ramener de jolies filles chez eux. Tu ne faisais pas partie de ces femmes, du moins la plupart du temps. Tu venais voir Sora, un de tes plus proches amis. Tu montais les escaliers rapidement en soutenant le paquet rempli de nourriture que tu avais ramené. Tu avais choisi un restaurant indien assez sympathique, et l'odeur te donnait déjà faim. En arrivant devant la porte de Sora, tu frappais puis entrais sans même attendre son consentement. Tu le trouvais sur son lit, allongé alors qu'il regardait la télé. Tu levais les sourcils et soupirais, alors qu'il se tournait vers toi. Sora Hawk, il fait un temps magnifique et tu restes enfermé dans ta chambre, sérieusement ? C'était l'hiver et pourtant, le temps était assez clément. Il ne faisait pas extrêmement chaud mais ça te plaisait, toi qui venais de Bristol en Angleterre, tu préférais les temps frais plutôt que les canicules. Tu resserrais ton gilet autour de ta taille et tu le rejoignais sur le lit en posant le sac en papier dans un coin de la pièce. Tu déposais un baiser sur sa joue et tu désignais la nourriture avec un sourire en coin. J'ai même penser à ton estomac t'as vu ça ? Sora et toi vous partagiez quelque chose de très intime, il était l'une des personnes, avec tes meilleurs amis, à qui tu te confiais facilement. Parce que vous aviez vécu la même chose, à trois ans d'intervalle. Tu avais perdu Camilla, ta sœur jumelle, et il avait perdu, Teagan, sa petite-amie. Toutes les deux étaient décédées dans un accident de voiture, vous laissant seuls face au reste du monde. Tu avais perdu ta moitié, tout comme lui, et vous vous compreniez mieux que quiconque quand vous n'alliez pas bien. Et Sora était tellement plus que ça. Un ami, un amant, un confident. Vous ne vous vous ressembliez aucunement au niveau du caractère et c'est ce qui faisait la force de votre relation. Tu t'installais un peu plus confortablement sur le lit et tu attrapais le sac pour en sortir deux boites en carton, des couverts et tout un tas de cochonneries aussi bonnes pour le moral que mauvaises pour la santé. Tu posais tes yeux sur le jeune homme en lui tendant une boite et des couverts. Tu commençais à me manquer alors je me disais que je pouvais passer te voir. Tu disais ça sur un ton taquin, et pourtant, ce n'était pas tellement ton genre de dire ce genre de choses mais tu n'avais pas vu Sora depuis un petit moment maintenant et tu commençais à ressentir un léger vide. Tu ouvrais ta boîte pour entortiller tes pâtes au curry et au poulet autour de la fourchette. Comment tu vas ?

Tu te tournes et te retournes dans ton lit. Un souffle chaud s’abat sur ton visage, t’obligeant à entrouvrir les yeux à moitié. Tu lèves les yeux au ciel en voyant le visage d’Ace à deux centimètres du tien. Tu le repousses violemment, l’éjectant de ton lit. Un grognement s’échappa de ses lèvres et tu souris malgré toi. « Va dans ton lit Ace, arrête de squatter le mien à chaque fois ! » lâches-tu d’une voix grave. Un petit rire retentit non loin de toi et il vient te pincer la fesse tout naturellement. Deux gays sérieux ! « J’aime trop ton lit tu sais. » « Bah quand j’aurais fini ma nuit, j’irais t’en acheté un comme ça si tu veux, casse toi maintenant. » Il part dans un fou rire avant de quitter ta chambre. T’en peux plus de ce mec, il se croit trop chez mamie des fois. En vain, tu tournes encore et encore dans ton lit sans pouvoir te rendormir. C’est pas comme ça que tu réussiras à récupérer le sommeil qu’il te manque. Tu lâches un soupire lourd de sens avant de sortir de ton lit. T’enfiles rapidement un jogging qui traîne par terre et tu te hâtes d’aller dans la cuisine. Tu salues des gars sur ta route et en arrivant devant ton saint graal (la cafetière), tu ne mets pas longtemps avant de t’en servir une tasse. Un gars de ta confrérie te propose de fumer une clope avec lui en te tendant une cigarette et tu ne refuses pas. Clope entre les lèvres, café dans la main droite et un soleil déjà présent, tu profites de cette matinée à ne rien faire. Vous parlez de tout et de rien, vous remémorant de la soirée jeux vidéo de hier soir, où t’étais à deux doigts de tuer Ace pour avoir rater sa passe à Fifa, vous faisant passer à côté de la victoire. Deux pieds gauche même dans un jeu. Vous retournez à l’intérieur et tu retournes dans ta chambre. T’ouvres ta fenêtre avant d’allumer la télé qui regorge de programmes nuls. Allongé sur ton lit, un bras sur le dessus de la tête, tu réponds à un message lorsqu’Izia entre dans ta chambre. Une odeur épicé embaume la pièce en deux secondes. « Je viens à peine de me lever, laisse moi le temps d’émerger. » Tu passes une main dans tes cheveux rebelles, avant de venir l’embrasser sur les joues, lui souriant au passage. Lorsqu’elle parle du repas qu’elle avait amené avec elle, tu ne pus qu’agrandir le sourire qui c’était dépeint sur tes lèvres. « C’est pour ça que je t’aime autant, tu me nourris toujours bien. » Tu la laisses s’installer à côté de toi, et te tendre une boîte remplie d’une nourriture qui te faisait saliver d’avance. Tu te cales contre la tête de lit, et plonge ta fourchette dans la boîte avant de la porter à ta bouche. Un petit gémissement de bonheur s’échappa de tes lèvres. « C’es trop bon, c’est ce qu’il me fallait. Et tu sais bien que tu es toujours la bienvenue Izia. » Elle finit par te demander si tu allais bien. Tu te sentais toujours piéger avec cette question, comme si aucune des deux réponses possibles n’étaient pas la bonne bonne. Alors tu te contentas d’hausser les épaules, comme à ton habitude ne prenant pas le risque de répondre quelque chose qui au fond serait erronée. « Et toi ? Tout va bien ? » Ton regard se perd dans ta nourriture quelques secondes avant de reporter tout ton attention sur la demoiselle en face de toi.

Sora t'indiquait qu'il venait seulement de se lever et tu levais les yeux au ciel, ça ne t'étonnais même plus. Il avait certainement passer là soirée à faire la fête, ou bien à jouer aux jeux vidéos, ou bien une fille venait tout juste de sortir de là et tu ne le savais pas. A cette pensée, tu te retenais de grimacer et te reconcentrais sur le jeune homme, tout en t'asseyant près de lui. Il embrassait tes joues et tu souriais avec tendresse. T'as fait quoi hier soir pour dormir autant ? Tu le provoquais gentiment, il faisait ce qu'il voulait de sa vie, c'était clair et net, mais tu ne pouvais t'empêcher d'être curieuse et il le savait pertinemment. Tu étais une fille, donc tu l'étais de nature, mais c'était un des tes principaux traits de caractère, tu détestais ne pas être au courant de quelque chose, c'était plus fort que toi. Tu riais lorsqu'il te disait qu'il t'aimait parce que tu le nourrissais toujours bien et tu passais ta main dans tes cheveux en piochant dans ta boite de nourriture. Tu m'aimes rien que pour ça ? Je suis vexée. Tu mangeais une bouchée de poulet et tu acquiesçais doucement lorsque Sora te retournait la question sur ton moral du jour. Il ne t'avait pas répondu et tu savais très bien pourquoi, toi non plus tu ne répondais jamais, ou alors jamais la vérité. Tu allais mieux. Mais il te manquerait éternellement une partie de toi et à chaque fois que tu y pensais, ça t'ouvrait à nouveau cette blessure au coeur que tu n'arrivais pas à panser. Tu haussais les épaules en reposant ta boite sur le lit. Ça va mieux depuis que je suis là, en fait. Tu disais ça sur le ton de la plaisanterie, mais ça n'en était pas réellement une, Sora avait ce don particulier de te donner le sourire, peu importe comment tu te sentais, tu finissais toujours par rire. Tu sortais alors ton paquet de cigarettes et en proposais une au jeune homme avant d'en allumer une et tirer longuement dessus en fermant les yeux. Camilla détestais la fumée de cigarette, elle était une jeune fille très droite, et tu l'étais toi aussi, à l'époque. Tu ne faisais rien de travers, toujours en train de vouloir faire plaisir à tes parents et les rendre fières. Vous étiez leur fierté, puis tout avait basculé. A la mort de Camilla, tes parents ont changé, et tu as changé encore plus. Ils ne te l'ont jamais dit clairement, mais tu as toujours ressenti qu'ils t'en voulaient. Ils t'en voulaient parce que tu avais laissé ta soeur prendre le volant seule, ils t'en voulaient et tu t'en voulais aussi. Tu soupirais en chassant ses sombres pensées de ta tête et tu te tournais vers la jeune homme. Tu as prévu quoi aujourd'hui ? Parce que tu ne comptais pas t'en aller de si tôt, tu avais prévu de de passer la journée, et peut-être même la nuit avec lui et tu ne le laisserais pas t'échapper encore une fois.