Tu venais de lâcher tes révisions pour le grand air, tu ne pouvais pas passer ta journée le nez dans les bouquins alors qu'il y a un magnifique soleil à l'extérieur et puis toi et la concentration, ça fait deux, au bout d'un moment, tu te lasses, incapable de lire les lignes sur ton cahier, ressentant déjà le désir de sortir te changer les idées. Tu n'es pas le type de personne capable de rester des heures assise dans le coin d'une pièce à lire un livre, non, au bout d'un moment, il faut que ça bouge! Tu quittes ta chambre pour rejoindre l'extérieur, direction le centre-ville, tu te balades dans la ville sans but précis, seulement là pour profiter de la chaleur, du soleil, jusqu'à ce que tu te décides de t'arrêter dans un café du coin afin de te prendre une boisson fraîche. Un café glacé, tant qu'il y a de la caféine dans ce breuvage, tout te conviens, tu tournes à la caféine, tu es pratiquement accroc à la caféine. Il n'y a pas beaucoup de monde dans la salle, ce qui t'étonne peu, beaucoup sont probablement sur la plage en train de se faire dorer la pilule. Tu ne serais pas contre non plus pour profiter d'un peu d'eau fraîche, mais pour l'instant, tu as une boisson à boire et tu allais prendre ton temps pour ça.  Posée à côté d'une fenêtre, ce qui te donne l'occasion de voir le monde évoluer à l'extérieur, de quoi te distraire le temps de finir ce grand verre de café glacé. Ce que tu ignorais encore, ton regard rivé dehors, c'est qu'une autre distraction s'apprêtait à s'emparer de la chaise face à-toi pour y poser ses fesses dessus.

Le bruit des pieds de la chaise glissant contre le carrelage de la pièce attire ton regard. Voilà que tes yeux rentrent en collision avec ceux de... c'est quoi déjà son prénom? Tu n'as pas jugé utile de le retenir ou bien, tu as de loin préféré l'oublier ou de faire semblant de l'avoir oublié.  Loukas Cohen, une des premières personnes croisées lors de ton arrivée à l'université. Te mettant en quelque sorte au défi de rejoindre sa confrérie. Défi raté, puisque tu avais préférée rejoindre les Hepburn. D'un côté, ce n'est pas plus mal, tu ne sais pas si tu aurais eu le courage d'apprécier la compagnie de cet homme qui a le don de te taper sur les nerfs, il le fait si bien "J'attends quelqu'un" Faux, mais tu n'as pas envie de partager ta table alors qu'il y en a d'autres de libres "Tu pourrais au moins demander l'autorisation de venir polluer mon atmosphère" S'il l'avait fait, il aurait facilement pu deviner que tu l'aurais envoyé paître loin de toi.

Nouveau jour, nouvelle ronde. Descente sans aucun scrupule dans les rues de Sydney pour prendre l’air pollué par la circulation mêlé à la fumée grisâtre de ta cigarette que tu tires jusque dans tes poumons. T’as déjà la tête trop pleine pour songer à ça, la mafia, les insomnies, l’argent. T’avais lu quelque part qu’on finissait toujours par être hanté par ses propres obsessions, tu commençais sérieusement à y croire. C’est pas comme si ça te faisait peur non plus, c’était pas vraiment ton genre. T’étais de ceux qui regardaient vers le haut plutôt que sur ses propre pompes. T’étais fier l’air de rien, ça se voyait dans ta façon de marcher, la manière dont tu plaçais tes pieds et ce regard espiègle toujours prêt à dévorer une âme trop curieuse. T’avais l’habitude de faire ce genre de patrouilles sans grand but, explorer cette ville dont tu connaissais déjà chaque détail. C’était sans doute la première chose que tu avais fait en arrivant ici, à seize ans à peine, découvrir la ville avec tes yeux d’enfant blessé. Les rues avaient quelque chose d’irrésistible dans leur vivacité et leur richesse. Comme une aventure à taille humaine. Mais tu n’y pensais déjà plus, passé à autre chose en entrant dans un café. Tu te rends alors seulement compte que tu t’es pas mal éloigné du campus pou rejoindre l’est du centre ville. Haussant les épaules comme si ta destination n’avait jamais eu la moindre importance, tu entres et traine les pieds jusqu’à la salle. Tu ne peux t’empêcher d’adorer ce genre d’endroit, nouvelle découverte olfactive. Tu n’aimes pourtant pas tellement la foule, mais tu te plait à l’observer de loin. C’est ton truc, cette fascination pour la vie des autres, des ‘normaux’ comme t’aimes les appeler. Tellement étrange de se dire que chacun cache sa propre blessure, parfois, tu jurerais que tous sont des perfections visuelles, sans défaut de fabrication. Toi, t’en as des tas. Tant que ça, ça t’inquiète un peu, ça l’a toujours fait.

Deux grands yeux bleus baissés vers un café seulement te rappellent à ton rôle d’emmerdeur. Un grand sourire se glisse sur tes lèvres alors que tu fonces immédiatement en direction de la table de la demoiselle. Tirant la chaise vide en face d’elle et sans le moindre complexe, tu t’assois en croisant les bras sur la table. Et à la seconde où elle remarque ta présence, tu sens ses yeux te lancer des éclairs, ce qui te tirerais presque un rire. Mais tu te retiens et lui adresse seulement un grand sourire alors qu’elle grogne. « C’est bien, moi pas. » Tu fais alors qu’elle te dit qu’elle attend quelqu’un, et tu hausses les épaules en appelant le serveur d’une main, te commandant un café noir. Puis tu ris en l’entendant dire. « Si je te demandais ton autorisation, ce serait bien moins drôle, ma petite rhodes ratée. » Tu penches la tête sur le coté. « Alors, comment c’est Howard ? Aussi décevant que je l’imagine ou encore pire ? » Tu t'étiras sans le moindre gêne. C'était tout l'intérêt de la chose.

Ta journée te semblait paisible, un peu trop peut-être à ton goût. Il manquait ce petit quelque chose pour la rendre un peu plus intéressante à tes yeux, mais tu aurais préféré autre chose que cette personne qui s'avançait à ta table pour poser ses fesses sur la chaise libre face à toi. Tu le fusilles du regard, c'est impossible pour toi de l'accueillir d'un de tes plus beaux sourires. Cet homme est tape nerfs, tout particulièrement avec toi. Le premier regret lorsque tu as mis pour la première fois les pieds à l'université, tu aurais préféré éviter cette rencontre. Il est à l'aise face à toi, fier de s'être incrusté à ta table sans même prendre le temps de t'en demander la permission. C'est une question de politesse après tout, chose qu'il ne semble pas avoir apprise durant son éducation, un brin trop grossier pour y prêter attention même. « C'est bien, moi pas. » De son air désinvolte, ce sourire qui quand bien même séduisant, te donne cette envie d'enrouler tes mains autour de son cou, maintenant cette pression afin qu'il puisse effacer cet air de son visage. Si seulement, si seulement tu pouvais te le permettre. « Si je te demandais ton autorisation, ce serait bien moins drôle, ma petite rhodes ratée. » Tu n'en doutes pas, tant qu'il peut me faire chier il ne s'en prive pas, tous les moyens sont bons avec lui pour m'irriter. Tu serres les dents, une vague de colère s'empare de toi, mais tu t'abstiens d'un quelconque commentaire, c'est ce qu'il cherche, la provocation pour te voir exploser et pouvoir mieux rire face à cette scène. Tu te concentres sur ton café, buvant une grande gorgée, espérant que le froid glacera cette envie irrépressible de t'en prendre à lui « Alors, comment c'est Howard ? Aussi décevant que je l'imagine ou encore pire ? » Tu fronces les sourcils, il est toujours avec cette histoire "J'ignorais que tu tenais tant à me voir débarquer chez les Rhodes, pour toujours remettre cette histoire sur le tapis" A chaque fois que nos chemins se croisent, cette histoire est sa première attaque "Tu connais l'expression... change de disque?" C'est qu'il devient lassant le petit Cohen. "Mais si tu veux tout savoir, je ne regrette pas mon choix" Oh que non, sinon tu aurais dû côtoyer bien plus souvent Loukas.