ta vie c’était pas aller en cours pour obtenir un bon boulot derrière. tu te fichais bien de tout ça toi. toi, t’avais aucune ambition. tu voulais juste vivre. tu voulais juste te laisser porter. mais t’es là. t’es là à passer les portes de cette salle de classe. tu les regardes tous. ils ont tous le nez collé à l’écran de leur portable. ils vivent tous à travers un écran. plus aucun d’eux ne prend le temps de regarder. plus aucun ne s’extasie des petits plaisirs de la vie. il faut être le premier à avoir le plus de likes. des likes obtenus par du purs inconnus. ce n’est pas comme ça que tu vois la vie toi plùm. toi ta vie, ce n’est pas à travers ton téléphone que tu veux vivre. tu ne sais de toute façon même pas l’utiliser. puis, ton regard s’accroche au sien. ses yeux bleus te percent l’âme. tu as l’impression pour la première fois depuis que tu es arrivée en australie que quelqu’un te regarde vraiment. tu ne sais pas qui il est. tu ne l’as jamais vu. mais t’es en retard et sa voix grave te sort de tes pensées qui étaient déjà parties très loin. « Vous êtes en retard mademoiselle. » Tu restes plantée comme une cruche. tu ne peux pas quitter son regard. tes yeux verts restent plongés dans les siens. tu es absorbée par lui, par ce qu’il dégage. tu n’as même pas écouté un seul mot de ce qu’il a dit. t’es plus là. t’es plus dans cette salle de cours et ce n’est pas l’effet du joint que tu as fumé avant d’entrer dans cette salle. ce joint qui seul te permet de supporter tout ça. de supporter les contraintes. parce que toi t’aimes pas ça joan. t’aimes pas les contraintes. t’aimes pas que l’on te donne d’ordres. pourtant, t’obéis en allant en cours depuis que t’es arrivée. tu sais que tes parents se font assez de soucis comme ça pour toi. tu ne veux pas leur rajouter encore plus d’inquiétudes. puis, tu n’es pas majeure. tu ne peux pas encore prendre tes décisions seule. t’es en train de le regarder alors qu’il te parle. il te demande ton nom. tu ne lui répond pas. tu le regardes juste. tu ne sais pas ce qu’il pense de toi à ce moment là mais tu t’en fiches. tu t’en fiches tu veux juste en savoir plus sur lui.  « Vous comptez rester plantée là pendant tout le cours ? Dégagez donc de là que je puisse faire mon travail. » tu grognes lorsqu’il te prononce ces paroles. t’aimes pas qu’on te parle de cette manière. mais t’as pas envie de répliquer parce que t’aimes pas parler et lui il parle beaucoup trop à ton goût. tu vas t’asseoir au fond de la salle proche d’une fenêtre comme à ton habitude. ta besoin de pouvoir observer l’extérieur. ta besoin de voir la vie défiler à l’extérieur. les cours ça ne t’intéresse pas. tu t’y ennuies. tu n’y trouves aucun intérêt. mais quand tu t’installes, tu sens ses yeux bleus posés une nouvelle fois sur toi. tu ne sais pas ce qu’il te veut. tu ne sais pas pourquoi il transperce ton âme de cette manière. il est le premier à te faire sentir ça. tes yeux viennent s’accrocher aux siens alors qu’il explique qu’il est professeur remplaçant. tu n’écoutes pas plus. ton cerveau fait tout de suite le rapprochement. tu vas pouvoir le voir tous les jours. tu veux en savoir plus sur lui. pour la première de ta courte vie, les cours pourraient se montrer intéressants.

il sait que tu parles pas beaucoup. depuis un mois, il s’est habitué à ta façon d’être. il sait que tu préfères hocher la tête quand tu es d’accord avec lui. il a toujours cette façon de te regarder qui te trouble. pourtant, c’est ton prof mais tu fantasmes sur lui. les choses ne se sont pas arrangées quand il a été demandé par tes parents à ce qu’il te suive car tu es en décrochage scolaire. tu n’en glandes pas une. tu ne te présentes pas aux examens. tu ne vois pas l’intérêt de le faire. tu n’as pas besoin que l’on te mette une note sur ce que tu sais juste parce qu’ils veulent le vérifier. tu ne veux pas te plier à cette nouvelle société. alors, tu dois le voir tous les jours. une heure tous les soirs. tous les soirs, tu peux te perdre dans l’océan que sont ses yeux. tu regardes ses mains que tu aimerais sentir sur toi. plus tu le côtoies et plus tu trouves que son âme est belle, que son âme est pure. il n’a pas eu une vie facile. il a du se battre toute sa vie. tu aimes l’écouter parler, tu aimes entendre sa voix grave frôler tes tympans. tu le laisses parler en distillant quelques rares paroles à l’occasion. tu n’apprends pas beaucoup plus avec lui. il dit que tu es intelligente. un peu trop peut être. une jeune femme perdue dans cette vaste étendue qu’est le monde. il a bien compris que tu ne veux pas d’aide. il l’a compris lorsque tu l’as laissé en plan alors qu’il te proposait de t’aider avec toutes les choses que tu n’as pas connu auparavant. tu ne veux pas de son aide. tu ne veux de l’aide de personne. alors, il se contente de te parler de futilités. il se contente de te poser des questions auxquelles tu réponds par des gestes de la tête. toi, tu profites des ces heures avec lui pour le regarder. pour imprimer dans ta mémoire chaque centimètres carrés de son corps. pour retenir à quel point sa peau est douce et chaude lorsqu’il te frôle la main pour prendre un crayon. ça ne le dérange pas que tu ne sois pas comme toutes les autres. tu l’intrigues, tu lui plais malgré que tu sois bien trop jeune pour lui. il ne peut s’empêcher de passer chaque soir cette heure avec toi alors que ça fait bien longtemps qu’il a compris que tu n’en avais pas besoin. pourtant si tu en as besoin. tu en as besoin parce qu’avec lui tu te sens bien. parce qu’avec sa façon de te regarder tu te sens vivante, tu te sens belle. tu n’as pas cette impression d’être une extraterrestre ici. quand tu plonges ton regard dans le sien, tu n’as pas besoin de joint pour être emportée. il est devenu ta drogue. tu ne lui parles pas, il ne connait rien de toi mais tu es accro à lui et cela semble réciproque. tu es incapable d’entreprendre quoique ce soit avec lui. tu te contentes de fantasmer chaque soir. peu importe l’endroit où tu te trouves, c’est lui qui vient se glisser dans tes pensées avant que morphée ne vienne t’emporter dans ses songes.